Recherche

Champs de recherches

- Histoire et analyse de la musique moderne et contemporaine
- Bibliothéconomie de la musique contemporaine
- Humanité numériques

- Génétique et réception de la musique électroacoustique


Activités de recherche récentes

Le GRHis, Groupe de Recherches HIStoire, de l'Université de Rouen m’a confié depuis 2011 la coordination scientifique des archives du Centre Iannis Xenakis (centre de composition musicale international, initialement nommé Ateliers UPIC, puis CCMIX), dont les archives sont déposées à la Bibliothèque Universitaire de l’Université de Rouen. 


La majorité des archives conservées par le CIX concerne l’UPIC, la machine d’aide à la composition par le dessin, conçu par IX. Ces archives témoignent du passage des nombreux compositeurs qui se sont succédé dans ce centre de recherche et de composition musicale, nommé d’abord Les Ateliers UPIC à partir de 1985, puis CCMIX en 2000. Le classement du fonds à ainsi permit de relever les traces d’environ 130 compositeurs ayants travaillé en lien avec l’association et autour de l’UPIC durant 25 années de recherche : tels que François-Bernard Mâche, Luc Ferrari, La Monte Young, Alain Bancquart, Julio Estrada, Gerard Pape, Jean-Claude Risset, Aphex Twin, Karlheinz Stockhausen, Horacio Vaggione, Roger Reynolds, David Revill, Curtis Roads, Daniel Teruggi, Brigitte Robindoré et tant d’autres.
  
C’est un projet de rayonnement international qui m’a notamment conduit à présenter les actions de valorisation de ce fonds d’archives lors d'un symposium international au ZKM (Zentrum für Kunst und Medientechnologie) de Karlsruhe (Allemagne), mais aussi lors du colloque internationnal IAML/IMS 2015 organisé à New York par l'Association Internationale des Bibliothèques Musicales et la Société Internationale de Musicologie.

En tant que coordonnateur scientifique des archives du CIX, j’organise des appels d’offres pour différents prestataires chargés de la numérisation de ce fonds (numérisation de grands formats : affiches, partitions A3), de bandes magnétiques, de DAT, de photographies et d’archives papier). En 2013, j’ai réalisé la création d’un site internet destiné à valoriser les archives du centre, à partir du CMS Omeka : respect des protocoles OAI-PMH et formalisation des métadonnées en Dublin Core, pour faciliter le moissonnage des métadonnées par les grands portails (Portail de la Musique Contemporaine, Europeana, Culture.fr, etc.)

La moisson des métadonnées dans ISIDORE est rendu possible grâce à un récent partenariat avec l'IRIHS, qui permet d'intégrer la TGIR Huma-Num, visant à un double objectif : 
- Valoriser les données du CIX dans la philospohie qu'animent les archives ouvertes et les humanités numériques (La moisson dans ISIDORE permet de traduire automatiquement les métadonnées dans trois langues par exemple)
Pérenniser l'bergement des fichiers numérisés du CIX en bénéficiant de l'infrastructure robuste et ouverte à la communauté scientifique de la TGIR Huma-Num, via son service Nakala. 
 

J’ai également participé, en temps que commissaire d’exposition, à la mise en œuvre de l’exposition internationale Xenakis’s UPIC, an exhibition by the Centre Iannis Xenakis.

J’organise également depuis 2010, un cycle de conférences et de concerts intitulé les Aujourd'hui Xenakis pour la Bibliothèque Universitaire et la MDU de l’Université de Rouen : une fois par mois, une rencontre, un débat, une projection, un concert autour de l'oeuvre et de la pensée de Iannis Xenakis sont présentés au public. 

En outre, j'ai également participé à l'organisation du colloque international bililgue (anglais / français) entre la France et Chypre : Le continuum & son développement en musique et en architecture (rédaction et publication de l'appel à communication et de l'argumentaire du colloque, diffusion sur calenda, et installation d'une plateforme d'évaluation par les pairs et à l'aveugle via easychair)

Travail de thèse

Sujet
Orphée de Pierre Schaeffer et Pierre Henry, (1951-2005) de palimpseste en palimpseste, Université de Rouen, Thèse de doctorat (Musicologie), Ecole doctorale Savoirs, critique et expertise ED 350, sous la direction de Pierre-Albert Castanet,  soutenue le 20 octobre 2010, 997 p.

Lien vers le SUDOC
http://www.sudoc.fr/14852947X
  

Champs de recherche et problématique
Considérant les bases de l’ouvrage d’Evelyne Gayou sur l’histoire du Groupe de Recherches Musicales de Paris, et l’ancrage avéré de la musique concrète (et par extension de la musique électroacoustique) dans les esprits, il est  désormais possible d’adopter la démarche inverse de cette musicologue : recentrer la réflexion sur une seule œuvre, un incunable, qui par une multitude d’aspects recoupe et engendre bien plus que le scandale que cet opus suscita en 1953. Il s’agit d’Orphée, premier opéra de musique concrète (pour bande magnétique et interprète(s) en direct) composé par Pierre Schaeffer et Pierre Henry à partir de 1951.
Orphée, loin d’être une simple expérience isolée, amène à considérer l’ensemble du cycle que ces deux compositeurs consacrent au chantre du Rhodope, mêlant les sons originaux et les livrets des versions de départ à celles des versions corollaires (dix opus au total de 1951 à 2005) qu’ils persévèrent à établir chacun jusqu’à la fin de leur vie. Même si la lecture de différentes pièces d’archives nous apprend que ce cycle orphique apparaît d’une importance capitale aux yeux de Pierre Schaeffer, contre secondaire pour Pierre Henry, les sons d’Orphée résonnent encore dans les œuvres les plus récentes de ce dernier.
Car rapidement, à l’écoute, il s’avère que les sons les plus emblématiques d’Orphée (ou du moins ceux à la typomorphologie la plus marquée d’un point de vue schaefferien) sont cités et utilisés dans d’autres œuvres de Pierre Henry, confortant ainsi une idée déjà esquissée dans de précédents travaux universitaires, notamment à travers l’analyse comparée que j’ai proposé de deux de ses opus : Intérieur/Extérieur et Antagonisme IV. Une question se formule à partir de ce constat : En quoi l’étude musicologique d’une œuvre emblématique de la musique concrète et de ses versions corollaires peut-elle nous éclairer sur la démarche compositionnelle globale d’un de ses auteurs les plus représentatifs ?
Du point de vue de la modélisation de cette idée, vient à l’esprit la figure du palimpseste, ce "manuscrit sur parchemin que les copistes du moyen âge ont effacé pour le recouvrir d’un second texte"  et où l’acception au sens figuré de ce terme laisse envisager une "œuvre dont l’état présent peut laisser supposer et apparaître des traces de versions antérieures". Par circonvolution, la modélisation par palimpseste permet d’élargir la réflexion à un corpus d’œuvres plus large que celui visé initialement : en étudiant notamment les relations que peuvent entretenir, par éclatement parcellaire, certaines oeuvres de Pierre Henry avec ce cycle orphique.
C’est de ce cheminement de pensée que découle l’ensemble du plan tripartite de la thèse :

1. Orphée de Pierre Schaeffer et Pierre Henry, aux origines du palimpseste
Contextualisation de 1951 à 1953, et étude historique approfondie. Croisement des points de vue intervenant sur la genèse et la réception des deux premières versions de cet opéra concret, tant du point de vue musical que textuel avec la conception des livrets de cet opéra. Description du dispositif technique de spatialisation sonore (pupitre potentiométrique de relief) utilisé pour le concert d’Orphée 51. Analyse de la génèse du scandale provoqué par la création de la deuxième version créé au Festival de Donaueschingen : Orphée 53
2. Orphée de Pierre Schaeffer et Pierre Henry : sur les traces du palimpseste. 
Où sont dénombrées, signalées chronologiquement et analysées toutes les versions corollaires de ce cycle orphique de 1953 à 2005. Analyse comparée de la genèse du livret de Maurice Béjart pour la version chorégraphiée d’Orphée qu’il a créé avec Pierre Henry en 1958.
3. Le palimpseste orphique de Pierre Schaeffer et Pierre Henry : des origines historiques à l’éclatement parcellaire.
Après avoir proposé une reconstitution musicale des deux incunables de ce cycle (étant donné la dispertion de la majeure partie des sources musicales primaires de ces opus), il est démontré (à travers un protocole paradigmatique d’analyse musicale comparée par Soundspotting) qu’Orphée 53 s'inscrit dans une démarche autogénérationnelle globale de composition, particularité morphologique langagière propre à Pierre Henry qui semble raisonner par « champs lexicaux d’objets sonores ».

Sources et méthodes
Outre les références aux ouvrages faisant autorité dans le champ de recherche et à la consultation de travaux de musicologues et historiens en rapport avec le sujet étudié, l’enquête historique a permis de consulter un certain nombre de fonds d’archives pour approcher au plus près la pensée de Pierre Schaeffer et de Pierre Henry. 
Il s’agit des archives du Studio/Ré (archives privées de Pierre Henry, à Paris), celles du fonds Schaeffer déposées à l’IMEC (Institut Mémoire de l’Edition Contemporaine, à Caen), et enfin les archives du GRM (Maison de la radio, à Paris). L’Inathèque et l’Inathèque pro ont été sollicité pour l’écoute et la restauration de plusieurs émissions radiophoniques. Les réseaux traditionnels et publics d’archives (du type Centre de Documentation de la Musique Contemporaine de Paris, Bibliothèque Nationale de France, Archives Contemporaines à Paris) ont rapidement montré leur limite au vu de la spécificité du sujet abordé, tandis que les grandes bibliothèques universitaires et celle du Conservatoire National Supérieur de Paris notamment, ont permis de consulter les usuels (notamment en langue étrangère) et ouvrages de référence en musicologie.
La spécificité des sources étudiées, inhérente au choix du sujet, a conduit à concevoir de nouveaux « instruments de musicologie » (cf. Nicolas Donin) permettant d’archiver, de trier, d’effectuer des recherches croisées, de consulter et de localiser des sources, qui, pour beaucoup d’entre elles, sont difficilement accessibles et encore moins consultables de manière régulière et répétitive. Un protocole de consultation et d’archivage numérique propre à ces fonds a été conçu, notamment avec la création d’une base de données bibliographique (fondée sur les principes généraux que ceux utilisés pour le projet scientifique de DEA). Dans la mesure du possible, chaque document a été numérisé et catalogué dans cette base (sauf pour le fonds Schaeffer conservé à l’IMEC, où chaque archive a été retranscrite). Conçu dans l’environnement Filemaker pro 9 sous Windows XP, cet outil permet d’interroger les documents retenus dans les différents fonds, en construisant des requêtes complexes ou directement en plein texte.

Résultats
L’étude systématique du cycle orphique de Pierre Schaeffer et Pierre Henry a permis de documenter une série d’œuvres finalement mal connues et de montrer en quoi la représentation, bien qu’à huis clos, au théâtre de l’Empire en 1951, d’Orphée 51 ou Toute la lyre était déjà visionnaire à plus d’un titre (en tant que première œuvre mixte spatialisée de l’histoire de la musique occidentale). Du point de vue d’Orphée 53, l’exploitation de la correspondance de Pierre Schaeffer éclaircit la genèse du scandale de Donaueschingen en 1953. Enfin, l’analyse systématique de l’ensemble des versions corollaires de ces deux incunables a permis de mettre en lumière la résistance des idées musicales et textuelles de départ à travers des opus ayant pourtant plus d’un demi-siècle d’écart (54 ans entre Orphée 51 et Orphée dévoilé). Partant de ce constat, qui illustre en soi un premier niveau de palimpseste, l’analyse comparée paradigmatique d’Orphée 53, vise à démontrer que le processus compositionnel de Pierre Henry déborde du cadre défini par l’opus lui-même, et que la figure du palimpseste peut être transposée à l’ensemble de son écriture musicale.